Comment accueillons-nous cette vie exprimée là… venant de notre profondeur ?
Je propose un cheminement, pas à pas, afin de comprendre au sens de prendre avec, d’apprendre, de retrouver un lien à soi, de se connecter à son intime verbe, en s’appuyant sur notre part la plus secrète, celle exprimée par nos émotions.
Etymologiquement, « émotion » vient du latin « emovere » : ce qui met en mouvement, « exmovere » : mouvement vers l’extérieur. Autrement dit, l’émotion est ce qui met l’esprit et le corps en mouvement, à l’extérieur comme à l’intérieur.
La question est de savoir de quelle façon je suis « mis en mouvement » ?Est-ce d’une façon constructive pour moi et pour autrui, ou est-ce d’une façon telle que cela va nuire à mon bien être et celui des autres ?
On sait que les 4 émotions principales sont la peur– la colère– la tristesse– la joie ; et s’y ajoutent le dégoût et la surprise. Nous les classons habituellement de façon binaire : elles sont bonnes ou mauvaises, positives ou négatives, utiles ou inutiles, souhaitables ou à éviter…. Or il y a une confusion regrettable car les émotions sont toutes utiles, elles nous ramènent à notre intériorité, à notre météo intérieure, à ce qui se passe dans notre corps, ce qui nous rend vivant. Nos émotions sont nos petits guides dont les messages sont à décoder, déchiffrer pour orienter nos choix de vie.
Prenons un exemple : face à une menace physique, le corps réagit: c’est la peur, émotion qui mobilise les muscles lisses des viscères. Un faisceau de signaux somatosensoriels est véhiculé par le système nerveux et aussi par des molécules qui passent par la circulation sanguine. Ce mécanisme est inconscient mais c’est lui qui fournit le contenu des sentiments, traduction des émotions dans le domaine de l’esprit. Et bien sur le contenu peut devenir conscient. Les sentiments sont les émotions rendues conscientes.
Les émotions peuvent surgir n’importe quand, elles sont immatérielles mais prenantes
La peur est l’émotion la plus archaïque et produit le plus de passage à l’acte, en dommageable car la personne n’est plus en état de penser. La peur n’évite pas le danger, au contraire elle le suscite.
Le corps et le cerveau sont partenaires. Avec « L’erreur de Descartes », A. Damasio prend le contre-pied de la thèse de Descartes, pour qui les émotions perturbent le bon jugement, Damasio montre comment les émotions sont un auxiliaire indispensable à la raison. Les émotions peuvent nous aider à prendre de bonnes décisions. La peur nous évite de prendre des risques inutiles, la colère peut nous aider à faire face à des obstacles. Dans « Spinoza avait raison », il poursuit son travail en s’intéressant à la joie et à la tristesse comme des sentiments majeurs dans la production de sens de la vie.
A. Damasio a ainsi démontré que connaître sans ressentir ne sert à rien, qu’un humain souffrant de « frigidité émotionnelle » est incapable de tirer les leçons de ses erreurs.
Il est bien connu que les émotions sont nécessaires au bon fonctionnement de notre corps, elles en sont le ferment, cependant dans une quantité spécifique, qui ne dépasse pas un quota, pour ne pas se retourner et affecter un organe, avoir un effet boomerang et nocif à notre organisme humain. Des études en neurosciences confirment que si nous laissons exploser une émotion à chaque fois qu’elle se présente, nous renforçons notre tendance à cette émotion c’est-à-dire que nous la ressentirons plus facilement et plus souvent. Et cela vaut tout autant pour la colère que la compassion.
Savoir utiliser à bon escient ses émotions relève d’une certaine forme d’intelligence, différente de celle mesurée par le QI, c’est l’intelligence émotionnelle.
Cela vous inspire-t-il ? Trouvez vous encourageant cette capacité de lucidité, d’intelligence émotionnelle, que nous portons, à notre disposition…En êtes-vous curieux ?
Sur le plan de notre santé psychique et physique :
Nous savons que les émotions non gérées auront un impact négatif sur notre santé psychique et physique. Des études scientifiques confirment un lien entre une colère non gérée et des accidents cardiaques.
Il semble important de rester vigilant à la prescription systématique de médicaments qui anesthésient le sujet au lieu de le réveiller, la seule réponse médicamenteuse peut juste tenir en laisse nos émotions…
Pensez vous qu’une émotion est à craindre… , ou qu’elle est à vivre, avec ce qu’elle est ; la lutte est inutile. Lui faire de la place dans notre espace psychique pour en désactiver sa puissance destructrice représente un vrai travail.
Quand on nie ses émotions, quand on les méconnaît, elles nous tyrannisent. Exemple : une colère non exprimée risque d’être retournée contre soi-même et de persister sous forme de rancune et de méfiance de l’autre ou /et comme une réaction au sentiment d’impuissance.
Les émotions « nocives » qui s’installent, diminuent l’activité des cellules immunitaires. En effet, il existe un lien entre immunité et émotions. La joie et le plaisir renforcent les défenses immunitaires. La peur, le chagrin, la douleur et le stress les affaiblissent et nous rendent moins résistants aux germes et aux virus.
Les réussites, même les petites choses secrètent les hormones du plaisir : les endorphines. Le cortisol : l’hormone du stress, est redoutable et puissante, une petite dose de cortisol peut anéantir et recouvrir les bénéfices de l’endorphine. Également, les personnes qui gèrent leurs émotions ont une meilleure santé, vivent plus longtemps, et ont des relations sociales satisfaisantes.